MENREC – Économie circulaire : donner une seconde vie aux menuiseries

Chaque année, des milliers de menuiseries issue de la rénovation finissent en enfouissement. Une filière innovante permet désormais de collecter, démanteler et recycler les menuiseries en fin de vie, les transformant en nouvelles matières premières, tout en réduisant coûts et impact carbone. Le point avec Adrien Bohelay, président de Menrec.

Adrien Bohelay,
président de Menrec,

En 2025, notre solution clé en main aura évité l’enfouissement de 8 000 t de Menuiseries en fin de vie. 

Quels sont les enjeux du recyclage des menuiseries en fin de vie ?

Aujourd’hui, dans chaque département français, environ 6 000 tonnes de fenêtres sont démontées dans le cadre de chantiers de rénovation ou de démolition. Pour l’heure, plus de 90 % de leurs châssis font l’objet d’un enfouissement et encore beaucoup de verre simple, issus du démantèlement vitrages finissent en gravats. Or, ces matériaux peuvent entrer dans une démarche d’économie circulaire. Pour cela, nous avons mis en place, en 2021, une solution de recyclage clé en main, réunissant les savoir-faire de deux fabricants menuisiers, d’un fabricant de vitrages et d’un transporteur-recycleur.

En quoi cela consiste ?

Dans un premier temps, il s’agit de mettre à disposition des bennes ou des racks dédiés – que nous avons développés – permettant aux installateurs, gestionnaires de déchèteries, déconstructeurs ou démolisseurs de stocker les menuiseries. La démarche est simplifiée puisqu’il n’y a pas de tri à effectuer. Actuellement, nous avons déployé plus de 500 racks – pouvant accueillir une trentaine de menuiseries chacuns – et 150 bennes de gros volumes. Nous assurons ensuite la collecte de ces contenants et les dirigeons vers nos centres de démantèlement. Les vitrages et les encadrements – en bois, PVC ou aluminium – y sont séparés, puis préparés. Nous créons alors une matière primaire secondaire, transféré ensuite pour approvisionner les industriels fabricants de matières premières (profilés et vitrage). puis envoyés dans des centres de recyclage dédiés, en matières premières recyclées Ces matières servent à fabriquer de nouvelles menuiseries, tout en garantissant traçabilité et qualité au fil du processus. La boucle est alors bouclée. En 2025, nous aurons ainsi évité l’enfouissement de 8 000 tonnes de matériaux.

Au-delà de sa dimension environnementale, cette démarche de recyclage présente-t-elle des avantages financiers pour les détenteurs de menuiseries en fin de vie ?

Tout à fait. L’enfouissement des déchets industriels banals (D.I.B.) représente un coût oscillant entre 250 et 350 € la tonne. Avec notre solution, le coût de la valorisation est inférieur à 200 €. Dans le cadre de la loi AGEC et de son volet sur les Produits et Matériaux de Construction du secteur du Bâtiment, nous accompagnons également les détenteurs de menuiseries pour l’obtention d’aides pouvant couvrir jusqu’aux deux tiers de la facture globale liée à la gestion de fin de vie de leurs menuiseries.

Vous évoquiez le fait que le gisement d’anciennes menuiseries est réparti sur tout le territoire français. Comment inscrivez-vous votre démarche d’économie circulaire dans un rapport de proximité avec vos marchés ?

Pour réduire notre empreinte carbone liée au transport, nous déployons depuis 2023 un réseau de concessionnaires en mesure d’assurer une gestion des menuiseries au plus près des lieux de collecte. Déjà bien implanté dans le Grand Ouest et en Franche-Comté, ce réseau – qui couvre actuellement neuf 12 départements grâce à nos 9 sites MENREC (logistique et exploitation) – a vocation à s’étendre à l’échelle nationale dans les trois prochaines années. L’objectif est de proposer une solution de recyclage avec un rayon d’action limité à 100-120 km. En parallèle des aspects techniques, nous accompagnons aussi nos concessionnaires sur le volet commercial. Enfin, fort de notre savoir-faire internes, nous sommes aussi engagés dans une démarche constante de recherche et d’innovation. Par exemple, pour optimiser nos flux logistiques dans le Grand Ouest, tout en garantissant toujours davantage la traçabilité et la qualité du verre recyclé, nous développons actuellement notre propre usine de purification du verre à Saint-Allouestre (56). Sa mise en service est prévue pour fin 2026, avec une capacité de traitement de 7 000 tonnes par an.