La phytoépuration, une alternative qui ne séduit pas que les convertis

Une solution qui concilie efficacité, esthétique et économies

Interview
Renaud Gancel,
Directeur technique chez Aqualogik

« Des coûts de mise en œuvre et de fonctionnement maîtrisés. »

La phytoépuration est-elle encore une filière seulement adoptée par ceux qui sont uniquement intéressés par un assainissement assuré par des plantes ?

Dans notre activité de Phytoépuration auprès des particuliers pour l’assainissement non collectif, la part de ceux qui se tournent spontanément vers la phytoépuration est aujourd’hui de 60 %. Les 40 % restants sont ceux qui ont comparé l’ensemble des filières disponibles – fosse conventionnelle, micro-station, filtres compacts, jardin d’assainissement – avant de choisir ce dernier. Au-delà de l’efficacité de traitement, c’est la dimension esthétique qui séduit. Il est en effet possible de coupler le filtre vertical planté de roseaux à un filtre horizontal accueillant des plantes fleurissant aux beaux jours. En termes de surface, il faut prévoir 2 m2 par équivalent-habitant (EH). Ce ratio diminue pour l’assainissement collectif et oscille entre 1 et 2 m2, selon les configurations.

Pour des applications en collectif, quelles sont les capacités de traitement de la phytoépuration ?

Elle apporte des solutions avantageuses jusqu’à 400 EH, voire 2000 EH dans certains cas, et peut aussi bien intéresser des collectivités locales que des acteurs privés, comme des gestionnaires de campings ou de gîtes ruraux. Avec des ratios de dimensionnement moindres, les coûts de mise en œuvre sont maîtrisés. A noter que sur le plan de l’investissement, les collectivités peuvent solliciter des subventions de la part des Agences de l’eau ou des Conseils départementaux. Et comme les filtres plantés ne nécessitent ensuite que peu d’entretien – une visite hebdomadaire, une taille annuelle des roseaux et un curage de la couche de compost tous les dix à quinze ans –, les budgets de fonctionnement sont, eux aussi, maîtrisés. Cela en fait donc une solution économe pour les collectivités aux finances toujours plus resserrées.

Et sur le plan de l’efficacité ?

Nous avons, par exemple, déployé des filtres plantés pour une commune de la région d’Avranches, il y a quatre ans. Il s’agissait de respecter un budget très serré pour mettre en place un assainissement de 200 EH en bordure d’une rivière protégée au titre de la faune. Nous avons installé deux filtres verticaux plantés de roseaux en série. Le premier permet d’atteindre 80 % d’épuration, le second porte ce résultat à 90-95 %.