ENEDIS : Être un soutien moteur pour les initiatives des territoires et savoir faire évoluer son activité.

Entretien auprès de Jean-Philippe Leprince, Directeur Territorial ERDF Morbihan
Mireille Chauveau, Adjointe au Directeur régional ERDF – Relation Clients

Quel est votre regard sur les problématiques énergétiques actuelles et les évolutions induites pour votre mission de distribution d’électricité ?

Jean-Philippe Leprince : Nous sommes entrés dans une période de profonde mutation du système électrique français pour des raisons à la fois politiques, avec notamment la loi en cours de discussion sur la Transition Energétique, mais également pour des raisons technologiques, le réseau n’échappant pas à la révolution numérique.Le service public qu’assure ERDF a donc évolué. Historiquement, notre mission consistait à acheminer l’électricité depuis de grandes unités de production vers le client. Cette distribution s’adapte aux évolutions du paysage énergétique : essor de productions décentralisées, aspiration des collectivités locales à maîtriser les problématiques énergétiques de leur territoire, accélération de la révolution numérique, etc.

La Bretagne n’est-elle pas un terrain fertile pour expérimenter face à ces évolutions ?

J-P.L. : Tout à fait. La région est entourée d’îles ayant par essence des spécificités énergétiques. Elle est également une sorte de « péninsule électrique » qui produit peu d’électricité par rapport aux besoins croissants que son attractivité génère. Les élus se sont saisis de la question
énergétique, notamment à travers le Pacte Electrique Breton conclu en 2011. Celui-ci s’articule autour de 3 enjeux forts : la maîtrise de la demande en électricité, le développement des énergies renouvelables et la sécurisation de l’approvisionnement électrique. ERDF s’inscrit pleinement dans la mise en oeuvre de ces orientations qui rejoignent son ambition d’être un acteur majeur de la révolution technologique des réseaux. C’est pour ça que nous contribuons activement aux projets énergétiques des
territoires.

Comment cet accompagnement se concrétise-t-il ?

J-P.L. : Je pense notamment au compteur communicant Linky déployé à compter de 2016 chez les 2 millions de clients bretons. Ce sera une étape déterminante dans la modernisation du réseau et dans le service rendu au client. La Bretagne est là aussi une terre d’expérimentation puisque dans le cadre du nouveau smart grid SOLENN – SOLidarité ENergie iNnovation – 10 000 compteurs Linky seront installés en présérie, dès cet été, à Lorient et à Ploemeur.

En quoi consiste le smart grid SOLENN ? Quels sont les objectifs de cette expérimentation ?

Mireille Chauveau : SOLENN vise à tester des solutions innovantes pour mobiliser les collectivités et les consommateurs autour de la maîtrise des consommations d’électricité et de la sécurisation de leur alimentation électrique. SOLENN sera déployé sur 3 ans auprès de 1000 foyers expérimentateurs de l’agglomération de Lorient, territoire à la fois urbain et semi-rural qui nous permet d’étudier la possibilité d’une généralisation à l’échelle nationale. Le projet, coordonné par ERDF, rassemble 12 partenaires aux compétences complémentaires, tous mobilisés pour  répondre aux grands enjeux énergétiques bretons. ERDF 1

En 2012, vous avez également déployé un réseau intelligent sur les îles de Houat et Hoëdic (56), pouvez vous nous en dire plus ?

M.C. : Effectivement, pour sécuriser l’alimentation électrique de ces îles, un
système innovant a été mis en place, alliant commandes du réseau à distance, adaptation de la demande en électricité des clients – grâce aux compteurs Linky – et intégration optimale de l’énergie produite par des panneaux photovoltaïques situés sur Hoëdic. Ce système smart grid a été
conçu en solution de secours.

En quoi ces deux expérimentations préfigurent-elles l’avenir de votre activité ?

J-P.L. : Les outils mis en oeuvre vont permettre de pouvoir mieux maitriser la
demande en électricité et d’assurer une « sauvegarde » de l’alimentation électrique en cas de contrainte sur le réseau, afin de conserver certains usages domestiques. Ces solutions ouvrent également des perspectives pour une gestion des données de consommation de proximité, favorable à
une connaissance territoriale affinée du système énergétique local.

Du côté des énergies renouvelables, comment est gérée l’intégration des productions sur le réseau de distribution électrique ?

J-P.L. : Des recherches sont également en cours pour faciliter cette intégration. Des outils d’analyse et de gestion prévisionnelle se développent. Leur ambition est d’anticiper et de modéliser la vie du réseau, en intégrant de plus en plus finement les besoins des utilisateurs sur un territoire donné, qu’ils soient producteurs ou consommateurs.

Et quelles technologies avancées présente déjà le réseau de distribution ?

J-P.L. : Le réseau électrique 20 000 volts dispose déjà d’une intelligence avancée puisque nous y réalisons des diagnostics et des manoeuvres à distance à l’aide d’équipements télécommandés. L’intelligence des réseaux basse tension (400-230 volts) est également en train de se développer, notamment grâce au compteur Linky. Le but est là encore de gagner en réactivité pour dépanner nos clients. Mais les pannes nécessitent avant tout d’être anticipées. Le développement de nouvelles technologies pour détecter des fragilités potentielles sur les réseaux nous permettra dans le futur de mieux cibler les opérations de maintenance préventive ou encore de mieux contrôler les besoins en élagage. En résumé, ERDF entend être un acteur de l’innovation à plus d’un titre : être promoteur d’initiative sur le territoire et innover dans son activité traditionnelle.

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